Margaret Dearing Ici

Progress Gallery

du 7 mars au 11 avril 2015
Créée fin 2013, la Progress Gallery invite des artistes plus qu’elle ne les représente. L’été dernier, une installation à quatre mains avait mêlé les détournements de magazines de mode du Polonais Przemek Matecki à des travaux de Pierre Ardouvin à partir de cartes postales. Margaret Dearing, active depuis une dizaine d’années, y expose actuellement une sélection serrée de photographies issues de séries réalisées depuis 2009. L’exposition est à l’image de ces travaux qui, conçus davantage comme des séquences, associent, avec de moins en moins de systématisme, vues urbaines et péri-urbaines sans qualité, paysages naturels parfois grandioses, intérieurs mutiques et figures humaines absorbées. Mais, mélangeant ici ses séries, Margaret Dearing varie sans doute plus que d’habitude les atmosphères. Une lumière neutre, nette et froide alterne avec des effets vaporeux ou un soleil qui se couche derrière les arbres. L’artiste joue aussi sur les échelles. Les gros plans de sols, de murs et d’escaliers et les premiers plans obstrués  tranchent avec la vastitude d’un panorama montagneux ou d’un immense ciel nuageux. Elle renforce le trouble en refusant toute concordance entre point de vue et format. Un gros plan et un plan large peuvent être petits comme grands. Si plusieurs images rappellent la forte influence exercée par des artistes comme Valérie Jouve et, surtout, Christophe Bourguedieu sur les jeunes générations, l’exposition est convaincante. Rejetant toute unité de lieu et de temps mais envisageant ses photographies dans leur ensemble et leur succession, Margaret Dearing a recréé une séquence ouverte à de multiples interprétations. Il y est apparemment question d’appréhension et d’occupation de l’espace, mais, loin de toute volonté démonstrative, les images ont une telle qualité d’abstraction et de silence qu’Ici, titre de l’exposition, pourrait tout aussi bien être ailleurs.

Étienne Hatt